Réflexions partagées
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Apprendre comme un bébé !
Un bébé apprend beaucoup et rapidement. Regardez ses premières années de vie, il va savoir ramper, tenir un objet, se mettre debout, marcher, parler, dessiner puis écrire. Si ses deux parents parlent une langue maternelle différente, il les intégrera facilement. Nous, adultes, nous pouvons être jaloux. Demandez à ceux qui apprennent une nouvelle langue ce qu’ils en pensent.
Alors, savez-vous pourquoi un bébé apprend si vite ?
La réponse est simple : un bébé apprend vite car il n’a rien à désapprendre. Pour bien comprendre comment fonctionne l’apprentissage, examinons à quoi servent nos deux hémisphères cérébraux. Dans son livre « les prodiges du cerveau » (Robert Laffont), E. Goldberg explique que notre hémisphère gauche a pour fonction de créer des routines, de reconnaître et d’enregistrer des formes, en un mot ce qui est utile. Alors que l’hémisphère droit fonctionne comme une éponge et absorbe tout ce qui vient, il explore l’inconnu, innove. Quand les expériences perçues par ce dernier sont jugées pertinentes (par exemple un comportement qui fait sourire maman), l’hémisphère gauche va alors frayer un chemin c’est-à-dire établir des connexions pour enregistrer ce comportement satisfaisant. Etant relativement vierge, un apprentissage sera plus facilement inscrit. Alors que nous, adultes, nous aurons tendance à comparer le nouveau à l’ancien, à être réticent s’il remet en cause le connu, nous aurons besoin de faire de la place, de désapprendre pour apprendre.
Transposé au leadership, ce constat peut expliquer certains effets pervers comme la résistance au changement. Citons d’autres exemples marquants : L’effet Pygmalion qui a été testé dans des classes scolaires où l’annonce que certains élèves seraient meilleurs que d’autres se confirmait dans les notes au cours de l’année alors que cette information avait été donnée sur des bases complètement aléatoires. Il s’agit du phénomène de prédictions auto-réalisantes : une croyance bien ancrée en vous risque d’être confirmée par les faits car vous ne percevrez que ceux qui l’attestent.
La théorie de l’engagement prend également ses sources dans ce constat. Si je me suis déjà fortement engagé dans une voie, celle-ci est donc bien enregistrée dans mon hémisphère gauche, et il est très difficile après d’en changer même si les informations captées par mon hémisphère droit viennent me dire que la décision n’est pas pertinente.
Mon invitation sera donc la suivante : pourquoi ne pas, de temps en temps, lâcher prise sur le connu pour nous ouvrir au monde sans préjugé ni a priori… un peu comme un bébé ?
Frédéric MARQUET – Mars 2017