Réflexions partagées
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Et si nous osions la non violence ?
Je vois parfois mes enfants se chamailler. Je suis toujours surpris de constater à quel point, des mots violents peuvent sortir de leur bouche et tout cela à cause d’un prétexte que je juge insignifiant comme savoir à qui telle carte de Pokémon appartient. Évidemment pour eux cela a beaucoup d’importance et génère donc une tension intérieure qui se matérialise extérieurement par de la violence.
Je me souviens d’un coaching où j’accompagnais une manager pendant lequel j’ai été interpellé par la manière dont elle décrivait une situation avec une de ses collègues : « nous sommes en guerre ouverte ! », « C’est elle ou moi. », « On ne peut plus se voir. »… En l’écoutant, j’ai fait le lien avec les enfants qui se disputent et je me suis alors permis de lui livrer cette comparaison qui me venait. Elle a aussitôt répondu : « oui, je suis d’accord, la collègue est vraiment une chipie qui a des attitudes enfantines. » Et là, la correspondance avec des phrases entendues dans la bouche de mes propres enfants résonnait encore en moi comme : « Ce n’est pas de ma faute, c’est lui qui a commencé ! ».
Je me demande parfois si finalement tout cet égocentrisme qui conduit à la violence n’est pas fermement ancré en nous ? Et en même temps, j’aimerais vous soumettre une note d’optimisme qui a été décrite dans le livre de Kolhriser, Négociations Sensibles (Ed. Village Mondial).
Dans son ouvrage, il présente un cas où la non-violence – on peut même oser dire l’amour- a permis à une grand-mère qui gardait sa petite fille d’avoir la vie sauve. Cette grand-mère dormait, dans sa maison isolée. Du bruit la réveilla, elle se leva et vit un homme qui brandissait une bûche prêt à l’assommer. Dans un réflexe inconscient, avec un grand sourire elle lui dit : « Je suis contente que vous ayez trouvé notre maison. Vous êtes venu au bon endroit. Soyez le bienvenu chez nous. Ce n’est pas une nuit à rester dehors. Vous devez avoir froid et faim. Prenez donc le bout de bois que vous avez-là et rallumez les braises de la cuisinière. Pendant ce temps, je vais m’habiller puis je vous trouverai des vêtements secs, je vous préparerai un bon repas chaud et nous vous installerons de quoi dormir derrière la cuisinière, au chaud ».
Littéralement désarmé par cette attitude, la violence de l’homme s’évapora. Cette femme venait de le traiter avec gentillesse et respect et n’était plus un objet sur lequel il était possible de décharger sa haine.
Le lendemain matin, il partit discrètement. Quelques heures plus tard un policier frappa à la porte et demanda à cette grand-mère si elle n’avait pas vu un homme qui venait de s’évader de prison et qui, dans son périple, avait tué ses voisins les plus proches.
La force de l’amour, qui perçoit la violence comme un appel à l’aide et non pas comme un motif pour se défendre et attaquer à son tour, peut donc sauver des vies.
Frédéric Marquet – mars 2018