Réflexions partagées
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Oser renoncer à son système de défense !
Nous avons tous en nous un système de défense face au monde qui nous entoure, mais nous n’en avons pas toujours conscience tellement nous pouvons nous identifier à lui.
Voyons à quoi il ressemble mais aussi pourquoi il existe.
A l’origine, il y a la peur de notre vulnérabilité. Quand je parle d’origine, ce n’est pas tout à fait vrai ! Le très jeune enfant qui commence à marcher montre qu’il n’a pas peur, il exprime spontanément et sans limite sa nature profonde qui est de découvrir, d’apprendre et de s’exprimer sans frein. Ce sont ses parents qui vont lui fixer des limites en fonction de leurs propres peurs qu’ils projettent et transmettent à leur enfant qui perd alors son innocence.
Le sens du danger naît donc dans l’esprit de l’enfant avec son prix à payer : la peur !
Que fait-on quand on croit que le monde est dangereux ?
On se défend !
C’est alors que le système de défense se met en place avec 3 stratégies de base, réactions de notre cerveau reptilien : se cacher, fuir, attaquer.
Explorons ce que cela signifie dans le quotidien et comment trouver une meilleure alternative à ce système.
« Se cacher » correspond aux efforts employés pour nier les faits, être dans le déni, refuser ce qui est là. On se coupe de soi-même, de l’inconfort ressenti. On peut se couper par ses pensées : « Ce n’est pas vrai ! Je ne veux pas le croire ! Ce n’est pas arrivé ! Ce n’est pas possible !», par ses émotions en les refoulant voire même en refusant de ressentir les sensations désagréables de notre corps qui nous interpelle.
« Fuir » peut prendre la forme de ne pas affronter des situations, repousser au lendemain, ne pas faire face à ses responsabilités. On se coupe du monde, de ce qui est. La gestion du temps peut révéler des fuites : celui qui s’investit trop dans son travail ou dans une pratique sportive intensive pour fuir sa vie familiale insatisfaisante ou bien qui trouvera toujours un moyen pour éviter une conversation constructive et laissera pourrir un conflit.
« Attaquer » a aussi de multiples variantes : critiquer, médire, insulter, dévaloriser et toute autre forme de violence envers autrui. On se coupe des autres, de la différence. Je ne donnerai aucun exemple car il suffit de regarder l’actualité ou l’Histoire du monde pour en illustrer les méfaits.
Les neurosciences nous expliquent pourquoi naît un tel système de défense.
En effet, nous nous rappelons plus facilement les événements qui génèrent des émotions que les autres. C’est normal le cerveau estime que plus une réaction émotionnelle est forte et plus cela doit être important. Mais parmi ces événements, ce sont ceux ayant engendré les émotions négatives qui seront les plus longtemps enregistrées. Je suis sûr que vous vous rappelez encore de ce que vous faisiez le 11 septembre 2001 (si vous étiez né). Les phobies naissent ainsi d’un traumatisme initial que le cerveau et le corps gardent en mémoire pour éviter de se retrouver dans la même situation.
Donc dès qu’un événement vous rappelle un mauvais souvenir passé, votre cœur s’emballe, votre système de défense s’active avec l’intention de ne pas reproduire une mauvaise expérience. Et c’est ainsi que votre cerveau tente de maîtriser l’avenir pour que les traumatismes vécus ne se reproduisent pas.
Par conséquent, si je vous disais brutalement qu’il est nécessaire d’abandonner votre système de défense, vous vous sentiriez mal à l’aise. En effet paradoxalement en préconisant sa fin, je le renforcerai et sa réaction pourrait ressembler à : « cela ne va pas la tête, le monde est trop dangereux ! »
Indiquant ainsi que chacun a un besoin fondamental de sécurité, d’être rassuré et en confiance. Dès lors, il ne s’agit pas d’abandonner son système de défense mais de le remplacer par une stratégie plus efficace. Répondre à ce besoin de sécurité mais autrement.
Alors par quoi ?
Par quelque chose qui ne serait pas une illusion de protection. Car si l’on regarde en détails le fonctionnement du système de défense, il n’apporte à l’arrivée que plus d’insécurité. L’attaque engendre la riposte. Le déni fait que ce que l’on ne veut pas voir reviendra de manière encore plus extrême et la fuite ne fera qu’augmenter la peur. Pendant combien de temps devra-t-on fuir ou se cacher ?
Il y a une alternative possible qu’on pourrait appeler Système d’acceptation.
Trois piliers qui peuvent remplacer les réactions de notre cerveau reptilien (inhibition, fuite et lutte).
Le 1er consiste à accepter le passé, son histoire. C’est-à-dire se relier à lui, le relire pour en trouver le sens, même des événements les plus désagréables.
Le 2nd consiste à accepter le présent. Se relier à chaque moment en le vivant pleinement comme une opportunité d’exprimer qui je suis.
Le 3ème consiste à se relier au futur en tant qu’expression potentiel de son désir profond. Il convient donc de se relier à sa raison d’être, le sens de sa vie sur cette terre. La singularité que chacun peut apporter au monde et aux autres et qui sera sa plus grande force. C’est s’accepter soi-même dans sa dimension « à devenir ».
Les trois étant liés les uns aux autres.
Voici trois premières pistes pour vous aider à construire ce système d’acceptation qui pourra petit à petit être une alternative à votre système de défense :
- Sachez relire votre passé et particulièrement les évènements difficiles en prenant conscience que vous vous êtes toujours sorti des pires situations vécues (puisque vous êtes en vie pour lire ces lignes) et que vous en avez même souvent retiré quelque chose. Vous pouvez faire la liste des épreuves de votre vie et regarder comment elles se sont dénouées. Si vous vivez aujourd’hui encore une épreuve, vous pouvez juste laisser vivre le questionnement « comment cette fois encore cela va-t-il s’arranger et/ou me faire grandir ? ». Bien sûr il y a parfois des pertes (pécuniaires, échec, …) mais aussi des gains d’un autre ordre (apprentissage, maturation, résilience … )
- Sachez être présent à l’instant sans juger. La méditation en pleine conscience apprend à être présent sans jugement à soi-même, à son corps, à sa respiration, aux événements et aussi à ses pensées pour les laisser passer. Mon métier de coach m’apprend tous les jours un autre type de présence à laquelle la méditation ouvre la voie. Présence à l’altérité, à l’autre. La relation au coaché, c’est être présent à son corps, peut-être à sa respiration, à ses émotions et bien sûr à ses paroles pour que puissent venir l’inspiration et les mots justes d’une réponse appropriée. Alors, dans ce moment magique, les peurs, vulnérabilités disparaissent, je me sens puissant. Mais le miracle est que mon interlocuteur se sent aussi puissant. Je vous invite donc à essayer la présence à l’Autre, la présence à la relation en mobilisant tous vos sens à destination de votre interlocuteur sans rien vouloir pour lui ou attendre en retour.
- Sachez devenir qui vous êtes ! Qui suis-je vraiment ? Chaque être humain, comme le futur, est insaisissable, en devenir. Si au sujet de l’avenir, par notre imagination, tout est possible. Il en est de même pour nous. Surtout n’enfermons pas le champ des possibles en une manifestation voulu car nous aurons alors toutes les raisons d’avoir peur (que cela n’arrive pas dans la forme désirée). Avoir un vrai désir : c’est ressentir un élan du cœur qui nous anime, qui nous pousse à agir. Il convient ensuite de laisser chaque instant, vécu pleinement, forger la forme que notre désir prendra sans le circonscrire à l’avance en une image prédéfinie.
La stratégie de non défense du système d’acceptation est une occasion de contacter une force intérieure, celle de votre être profond qui, au delà des réactions archaïques de votre cerveau reptilien, vous permet d’oser être vous-même à chaque instant de votre vie.
En conclusion, on peut dire que si le système de défense sépare, le système d’acceptation relie. Il relie à soi-même, au monde (qui n’existe que dans le présent) et à l’autre (le mystère de l’humain en devenir).
C’est vivre sa vie un peu comme un peintre qui se laisse surprendre par chacun de ses gestes et donne forme à son désir de créer toujours d’une manière inattendue sans s’attacher au savoir ou au passé. A la fin, surpris par le résultat, il aura eu l’opportunité de mieux se connaître grâce au processus créatif et d’avoir mis en forme les profondeurs insoupçonnées de son être. Nous apprenons à nous connaître par la relation. Chaque personne qui croise mon chemin m’enrichit non seulement de ce que je peux recevoir d’elle mais aussi de ce que j’apprends de moi au travers de ce que je lui donne.
La créativité, l’expression de Soi sont, en effet, les fruits du système d’acceptation.
Frédéric MARQUET
Ce texte et les exercices proposés entrent dans la démarche ASSOI® et le parcours à SOI qui ont été conçus pour aider les organisations et les individus à conjuguer succès et sérénité.
Plus d’informations sur la démarche ASSOI – ici !